Un océan, deux mers, trois continents

Eté 2017. Lise en avait plus qu’assez de Paris, de sa pollution et de son stress ambiant. Depuis le temps qu’elle rêvait de faire une coupure loin de tout, l’annonce de location qu’elle venait de trouver sonnait pour elle comme une promesse de libération. Bien sûr, Franck avait essayé de la dissuader : comment allaient-ils faire tous les deux, seuls, sans réseau et sans connexion ? Et pour son travail ? Mais Lise ne s’était pas laissée faire et quelques semaines plus tard, le couple se retrouva devant une petite maison aux volets bleus, perdue dans le Lot. Quelque part, un chien se mit à aboyer. Été 1914. Plusieurs funestes présages l’avaient annoncé et s’étaient malheureusement révélés vrais : un beau matin, le tocsin réveilla les campagnes, paralysant le village dans la peur. Obligés de partir pour la guerre, les hommes abandonnèrent femmes et enfants et se volatilisèrent. Bien vite, seul resta un dresseur de fauves allemand qui cherchait un refuge pour lui et ses bêtes, loin de la guerre. Apeurés et méfiants, les villageois l’installèrent en haut d’une colline maudite. Quand les moutons commencèrent à disparaître et que les lions se mirent à rugir chaque nuit, seule Joséphine, la femme du médecin, n’eut pas peur de l’Allemand et accepta de monter le voir. Si le cadre de ce roman est un véritable havre de paix et de sérénité, encadré par un paysage idyllique, Serge Joncour sait parfaitement comment y apporter la peur et le doute dans le cœur des personnages et des lecteurs. Sous ses airs irréprochables, la maison aux volets bleus semble avoir plus d’un secret à révéler, forçant ses habitants à se remettre en cause, parfois de façon violente. Et l’histoire finit par devenir un véritable chien-loup, à la fois sauvage et douce, aussi apaisante et imprévisible que cet animal.